Du 29 avril au 1er mai se tenait les playoffs de la Pro League d’Apex, un tournoi attendu internationalement, après trois années d’attente.
Contexte
Trois années durant lesquelles nous avons eu droit à nombres de tournois répartis par continent, mais aucuns n’étant organisés en LAN… Jusqu’à celui-ci. Oui, c’était le grand retour, le rendez-vous attendu par tous les amateurs d’Apex. Enfin ! Enfin nous allions voir les équipes de chaque continent s’affronter à armes égales, fini donc l’éternelle guerre NA(North America) versus EU (Europe) où le ping des uns favorisait les autres sur les tournois en ligne.
Je parle des équipes EU et US car il faut bien comprendre que sur Apex, ces deux régions règnent en esport, au détriment des autres régions du monde, souvent moqués pour leur manque de talent ou, tout du moins, d’équipes talentueuses.
En effet, si le lobby des équipes européennes est d’un niveau extrêmement haut pour les 20 équipes, on a coutume de dire que le lobby NA est composé de 5-10 teams compétentes et le reste étant de la viande fraîche… En ce qui concerne les autres régions du monde, Océanie, Amérique du Sud et Asie, il est admis de dire que les joueurs professionnels occidentaux feraient bien d’emménager là-bas puisqu’à part une ou deux équipes sérieuses, le reste n’est clairement pas à niveau.
Voilà donc le postulat de base sur l’image qu’ont les équipes présentes à l’ouverture de cette LAN.
Je me dois de mentionner un autre facteur qui aura une grande importance par la suite : le playstyle.
Comprenez par là : les différentes manières de jouer dans chaque région du monde. Il est admis qu’en Europe, l’une des raisons qui font que le lobby a cette renommée, c’est le style de jeu. Les équipes sont très précautionneuses, elles vont éviter le combat et chercher à tout prix le placement en zone. En résulte des fins de partie assez épiques avec un nombre ahurissants d’équipes en vie.
Aux US : c’est l’inverse ! Un style assez agressif, porté sur le combat, ce qui ne manque pas de faire rire les EU car prendre un combat tôt signifie, d’une part, un risque de le perdre mais surtout, de se faire « third » par une autre équipe juste après avoir remporté son duel et également d’être en retard sur le placement.
Avec ce tournoi, on a pu voir un jeu vraiment agressif avec des américains et des asiatiques qui ne reculent devant rien et c’était un sacré changement !
Accessoirement, voici l’infographie qui explique le déroulement du tournoi.
JOUR 1 – Premier choc
Le tournoi commence, les présentateurs ne manquent pas de mettre en avant les équipes phares, attendues au tournant :
– côté US : TSM, NRG, Team Liquid, OG, Cloud9, G2, SSG
– côté EU : Alliance, Empire, Gambit, Scarz, GMT, Acend, E6
On est déjà à 14 équipes d’un niveau stratosphériques, sur un lobby final de 20 places. On se dit que les dés sont jetés : la finale devraient ressembler à un match NA/EU avec quelques outsiders asiatiques en fin de tableau.
La première journée allait envoyer les 20 premières équipes dans le Winner’s bracket et les 20 dernières dans le Loser’s bracket, une journée sans élimination donc, par ailleurs très dense car 18 parties à disputer. L’occasion pour les équipes de jauger la concurrence, de se positionner sur ce lobby inhabituel.
En résulte des parties très agressives, beaucoup de kills très tôt, on se dit alors que les joueurs cherchent à comprendre un peu le playstyle global et n’ont pas peurs car c’est une journée sans élimination.
Un premier choc pour nous autres européens : seulement 4 équipes sur 10 se qualifient en Winner’s bracket. Bon, tout va bien, les européens ne sont pas habitués voilà tout, ils vont se reprendre, personne n’est éliminé et puis, c’est une équipe EU qui finit première aux points. Ce n’est pas grave.
Par contre… 4 équipes sur 5 d’Océanie (3 australiennes) qualifiées en Winner’s bracket ? 4 sur 10 pour l’Asie. Une équipe… Brésilienne ? Soit, pourquoi pas, c’est curieux mais le tournoi ne fait que commencer. Déjà 7 teams US en revanche, on se dit que le jour de la finale, ils ne feront plus les malins.
JOUR 2 – La débandade
La matinée commence avec les matchs du Winner’s bracket : les 10 premiers seront en finale, les 10 autres devront disputer le round 2 du Loser’s bracket.
À ce stade, aucune élimination encore. Seulement un potentiel ticket pour la finale le lendemain et un peu de répit l’après-midi.
C’est une véritable claque. Sur les 4 teams européennes, une seule parvient à se qualifier en étant à la 10ème place… Gagnant au départage car ex-aequo en points avec la 11ème équipe. Quant aux 3 autres : ils finissent en 15ème, 16ème et 18ème place. Un nombre de points ridicules, des games anecdotiques, le doute s’installe.
Les premières vraies surprises également : il y aura déjà 2 teams australiennes en finale !
Loser Bracket Round 1 : Un scandale. Scarz, team EU ayant remporté le Championship l’année dernière, 265 000$, l’une des plus grosses équipes du weekend… Éliminé. Attendez, éliminé en 20ème place, dernier du tournoi, 0 kills en 6 games, 3 points au compteur. C’est un scandale.
Avec eux partent 2 autres teams EU et l’équipe US G2 Esports, l’une des structures les plus imposantes dans le monde de l’esport. On peine à y croire, d’autant plus que TTM, une équipe composé de 2 français, se sauve in extremis de l’élimination en faisant un top1 – 8kills lors de la dernière game.
Loser Bracket Round 2 : On retrouve donc les perdants de la matinée et les gagnants du début d’après-midi pour connaître les 10 équipes restantes qui iront en finale.
En lice, TTM, notre équipe de frenchies et E6, dont le leader in-game est un français également.
Avec eux, 4 autres équipes EU, les 4 premières équipes du Split 2 de la Pro League EU. Comprenez : pas des tocards quoi.
Sur ces 6 équipes, seul 2 se qualifieront pour la finale, portant le nombre d’équipes européennes à 3. Un échec total.
La finale sera donc composée ainsi :
– 3 équipes EU
– 8 équipes NA, oui, 8 sur 10 sont parvenus en finale, une grosse réussite pour la guerre US/EU
– 5 équipes asiatiques (japon/corée du sud)
– 3 équipes Océanie (australie)
– 1 équipe SA (brésil)
JOUR 3 – Les outsiders en folie
Dans la continuité de ce que l’on a vécu lors des deux premières journées, cette finale aura été une démonstration de ce que peuvent faire les équipes les moins médiatisées.
Première game : victoire de RIG, l’une des teams australiennes ! Deuxième game : victoire des brésiliens ! Que se passe-t-il ? Les 4 prochaines games sont remportés par des teams US mais on remarque la constance de 2 équipes, souvent en top3 : RIG (Australie) et UNITE (japon), les deux feront partie des 3 teams éligibles à la victoire (système de points en finale). L’un des joueurs japonais de UNITE fait le show, il fait 45kilos tout mouillé et montre ses biceps à la caméra en riant, vont-ils le faire ?
C’est finalement les australiens de RIG qui l’emporte et rafle les 250 000$ de cash prize, aidé durant la dernière game d’un kraber (le méga sniper du jeu), arme critiquée par toute la scène compétitive pour sa puissance bien trop grande en compétition. On ne peut toutefois pas remettre en cause leur victoire, ils ont prouvé au monde que les australiens sont à prendre au sérieux.
On pourra par ailleurs revenir sur un point : le covid.
Il faut savoir que 5 équipes EU sur 10 avaient un remplaçant, d’autres teams également, c’est un point non négligeable car on peut aisément se dire que tous n’ont pas su s’adapter et être aussi performants qu’à l’accoutumée. Ceci étant dit, RIG, les vainqueurs avaient aussi un pick-up car la star de l’équipe avait le covid.
Ce weekend aura donc était vraiment surprenant par bien des aspects, le manque de performance de la scène européenne (ils reviendront plus forts !), les outsiders qui ont marqué le tournoi, c’était vraiment plaisant de voir cette LAN, après tant d’années où les différents continents ne se rencontraient jamais.
Prochaine étape : le Championship cet été, le plus gros tournoi de l’année, 500 000$ à la clé pour le premier, 2 500 000$ en tout. L’occasion également pour pas mal de teams de prendre leur revanche !